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De mes années Palace à l’IA, une même quête : l’instant qui marque.

Plus de 30 ans à créer des moments mémorables. Mais que vois je quand je regarde en arrière après tant de projets, de rencontres ? Des campagnes, des shows, des chiffres. Mais surtout : des visages, des silences, des souvenirs qu’on n’a jamais pitchés. Des instants de lumière, imprévus, suspendus. Ceux-là seuls résistent au temps.

Depuis 1992 et un passage éclair chez TF1 Event pour les jeux d’Albertville, un autre siècle, je conçois avec mes équipes des événements, des contenus, des activations. Mais ce que je cherche — et n’ai jamais cessé de chercher — ce sont des moments qui restent. Qui font sens. Qui touchent. Qui marquent.


Les rencontres fondatrices

Années 90, jeune animateur les week ends sur Sky Rock et scénariste de séries passant tard le vendredi soir sur M6, je commence à organiser des « nuits karmiques » mixant musique electro et poèmes de mon cru au Privilège, club sélect du Palace. Pedro Winter y fait ses premières armes aussi. On ne se connaît pas encore, mais on fréquente les mêmes coulisses. Il n’a pas créé Ed Banger, managera les Daft Punk 6 ans plus tard. On se recroisera au Bains Douche, Cathy Guetta aura succédé à Régine backstage.

Deux ans après, je suis directeur artistique du What’s Up Bar rue Daval à la Bastille. Un lieu intime, électrique, rendez vous de la jeune scène Hip Hop et un des hauts lieux de la naissante « French Touch ». On y venait pour écouter, découvrir, ressentir. Wu Tang Clan (« payés » avec des bouteilles de Cointreau…alors qu’il venait d’annuler leur concert au Pavillon Baltard pour n’avoir pas reçu le solde de leur contrat avant de jouer…), Beastie boys (after show épique), Bob Sinclar, Dj Cam, Dimitri from Paris, St Germain, Daft Punk, Ministère Amer, Jeff Miles, Salif Keita,…On y enchainait les moments exceptionnels.

Une semaine après y avoir refusé l’entrée à un Liam Gallagher d’Oasis très alcoolisé, j’y programme un showcase acoustique de Ben Harper. Mon fils Dorian venait de naître deux jours plus tôt.

C’est à ce moment-là que je comprends une chose essentielle : ce métier ne consiste pas à organiser des événements. Il s’agit de créer des moments qui restent. Des instants où l’intime rejoint le collectif. Où l’émotion dépasse la fiche technique.

Temps pour moi de rejoindre le « monde des agences ». Chez Movie Com Event, agence de Christophe Durieux, futur créateur de « People and Baby »…

Nike Paris 6té avec le Saian Supa Crew enflamme les bords de Seine avec du foot freestyle. Avant de tansformer le Rex club en cours de tennis fluo. J’en profite pour présenter le tout jeune Thibaut de Longeville (réal en 2024 de la série multi primée sur Dj Medhi) aux édiles de Nike. Il passera les années suivantes plus à Portland qu’à Paris…

En 1999, à Istanbul, j’organise le lancement international de la Peugeot 206 au Ciragan Palace. J’y passe mes soirées avec Gilbert Bécaud (star de l’event) et son manager Charley Marouani (comparse de Joe Dassin, entre autres). Ils parlent d’artistes comme d’amis, d’anecdotes comme de fragments de vérité. Ma fille Danaé vient de me faire le cadeau de naitre le même jour que moi.

C’est là que je comprends que ce qui touche vraiment ne vient pas du décor, mais de ce qu’on y vit. Le reste est accessoire.


Les premières fois

Puis vint mes années « Le Public Système » (aujourd’hui Hopscotch).

Le premier festival de rock jamais organisé au Palais Garnier, pour Nokia. Un événement diffusé en direct sur MTV dans toute l’Europe. Franz Ferdinand, les Justice tout bébés, Bruce Willis en guest star. Brighting Moment sur la moquette rose fluo recouvrant le foyer de l’Opéra.

La toute première opération musicale digitale de marque à Paris, bien avant que “social media” ne devienne un réflexe : Placebo pour la RATP, des SMS interactifs, une plateforme pionnière. Avant Pj Harvey et le dernier concert des « The Libertines ».

Le premier lancement 100% « Below the line » pour Toyota. Défilés de mode dans les rues de Lyon et Marseille ; une Aygo transformée en set de DJ, un restaurant éphémère et son chef surréaliste Bob Blumer en plein Paris….succès à l’arrivée.

La rencontre avec Lionel Chouchan, The boss. L’un des plus grands noms de la com. L’homme qui a inventé les RP modernes. Un maître. Un modèle. Fait la moyenne avec les quelques psychopathes et petits ducs de salons croisés aussi sur mon chemin pas toujours de lumière…

À chaque fois : une idée un peu folle, un client qui y croit, une équipe qui fait sens. Et ce moment fragile, précieux, où tout peut basculer.


Les virages

En 2007, je rejoins FullSIX, poussé par le sentiment fort que le mix Live+Digital « is the future ». Le digital est en train de tout bousculer. Marco Tinelli le nouveau pope du genre. Un mélange de Léonard de Vinci et d’un super méchant de James Bond.

On ne parle pas encore de “brand content”, mais on en pose déjà les bases. Avec la chanteuse Yelle, on imagine le Reebok Dance Club online. Pour Nokia, on développe les Trends Lab, qui mêlent concerts, vidéos, forums et interactions en direct. Pour Virgin Mobile, on fait descendre en rappel Richard Branson sur la façade du Virgin méga store des Champs Élysées pour « libérer les sms en France »…Avant de produire la première web série fictionnée réalisée en temps réel sur les routes du Tour de France pour Vittel.

Tout est nouveau, à construire.

Puis viennent les années “grands groupes” : d’abord Publicis où je viens épauler un tout jeune planner stratégique devenu vizir, Thomas Jamet. Nous rançonnerons comme des Du guesclin 2.0 du côté du 133 Champs ELysées quelques saisons glorieuses ensemble. Avant que ne soit sifflée la fin de la récréation. Plus tard, Omnicom et ses petits déj créas avec Hervé Brossart, autre grand personnage de roman.

Les budgets y sont plus lourds, les dispositifs plus ambitieux. Je travaille sur des campagnes emblématiques : le lancement de la Twizy de Renault avec David Guetta, les 40 ans de la maison Chloé, Yves St Laurent Parfums et notre programme court « Nuit de l’homme » sur Canal+ avec le débutant Pierre Niney, le lancement du Ralph Lauren Warehouse avec le groupe Metronomy en live+digital complet, ou encore le marathon de New York pour L’Oréal, transformé en web-série de conseils et de coulisses et les exploits de Renault en Formula E avec feux Vice média.

Les distinctions pleuvent. Mais au fond, une même question continue de me hanter : est-ce que ça a vraiment touché quelqu’un ? Est-ce que ça a laissé une trace ?


La liberté et la fidélité

En 2016, je fonde CHERRY MOON. Pour retrouver la liberté de faire juste en étant fidèle à mes idéaux, mieux pouvoir m’occuper de mes clients. Revenir à l’essentiel : le terrain, les idées, les rencontres. Mais avec les outils d’aujourd’hui, testant aussi ceux de demain. Avec mon dernier fils Federico tout juste né pour bénir la nouvelle aventure.

Depuis neuf ans, avec Cherry Moon, on explore les croisements entre l’événement, le contenu, l’IA, la data, la culture. Des routes du Tour de France en 2024 pour Van Rysel aux gros roadshows records pour Peugeot e-206 ou Toyota CH-R en passant par des expériences immersives pour Dom Pérignon.

Toyota, Décathlon, Peugeot, mais aussi Ralph Lauren sur le festival de Cannes, TotalEnergies, et tant d’autres ; parfois dans l’ombre, toujours avec engagement.

Ce qui nous guide : la recherche d’un moment juste. D’un impact réel. D’une émotion partagée.


Ce que j’en retiens

Les formats changent. Les plateformes, les attentes, les outils. Mais ce qui touche, ce qui transforme, ce qui reste — tient à une seule chose : l’émotion. Ce frisson au bon moment. Cette étincelle qu’on n’avait pas prévue. Ce lien entre une marque, un lieu, une personne.

Trente ans plus tard, je me sens toujours au début de quelque chose. Et j’ai toujours le frisson. Celui qui vous dit que ça compte.